mercredi 20 juillet 2011

LES VIEILLES CHARRUES à Carhaix, vendredi 15, samedi 16 et dimanche 17 juillet 2011

Les yeux qui piquent, un mal de crane tenace, des courbatures partout, une narcolepsie passagère… pas de doute, on est bien de retour des Vieilles Charrues 2011.
Est-on « trop vieux pour ces conneries » ? La question se posera plusieurs fois dans le week end, tant les conditions du festival auront étées cette année éprouvante pour les morales et les physiques.

VENDREDI 
Après avoir traversé la moitié du pays à l’aide de Metro, de TGV et de Peugeot 207, j’arrive enfin à Keramphuil pour une huitième édition des charrettes, pile poil pour se prendre une première rasade de rock n roll avec les Bellrays.
Première mauvaise surprise ; le son est pourri, beaucoup trop fort. OK il faut que ça envoi des copaux, mais là ça fait mal aux portugaises. Le public est épars et amorphe sous le crachin qui ne nous quittera pas pour les 72 prochaines heures. Le groupe tourne toujours bien, le gratteux est impressionnant d’énergie pour son âge, la chanteuse essaye de nous expliquer que Beth Ditto est une rigolote et le batteur enlève son t shirt, parce que un batteur enlève toujours son t shirt, surtout quand il est sec comme un coup de tric. Bref les morceaux des Bellrays se suivent et se ressemblent, même si Lisa kekaula met beaucoup d’énergie dans son set. On a envie d’y croire mais on est très occupé à défaire sa capuche. Le groupe rencontre enfin le succès qu’il mérite sur… Highway To Hell… Bref mauvais horaire, mauvais endroit. On espère que les organisateurs auront la bonne idée de les faire passer à 21h sur la scène Grall la prochaine fois.

 cette photo n'a rien à voir avec le texte qui la precede. et alors?

A peine le temps de se ressourcer avec une bière de cru (la Brit Blanche, sponsor officielle du week end) qu’on enchaine sur les rigolos de The Inspector Cluzo. Z’ont bouffés un clown ceux là. Heureusement, on connaît ; le principe est de dire le plus de conneries entre deux mini titres, envoyés dans la tronche des spectateurs comme on enfourne une tartiflette dans le four : avec enthousiasme.
Alternant le rock binaire furieux et les slows funky, le groupe marque surtout par son abattage et sa capacité à faire rire le publique. Moins insultant qu’a Paris, les gascons nous expliquent que les Vieilles Charrues sont le seul vrai festival, puisque fait pas des bouseux pour des bouseux. Ben l’Oncle Soul en prendra aussi pour son grade au passage. Bref rien de révolutionnaire mais un bon moment néanmoins.

On s’arrête devant la légende Eddy sur le chemin pour rejoindre les Bières Bretonnes ; ca ronronne, ca chaloupe, c’est professionnel, carré. Le rocker devenu crooner à l’air de s’emerder sec et nous avec : Next.

Agapes, retrouvailles, rencontres ; la suite se prolonge et les pichets tournent.

La nuit tombée, on se retrouve sur Miles Kane sur la scène Glenmore. Il a fait quoi ce mec, déjà pour se retrouver sur cette scène immense ? La couv’ de Rock n Folk ? ah !...
Ca tourne très bien, c’est carré, c’est même classe. Les zicosfonctionnent  bien et nous assènent une pop toute liverpuldienne (ou mancunienne, bref c’est un rosbeef, quoi) mais c’est chiant comme la pluie. Et comme il pleut déjà, c’est TRES chiant. On essaye quand même, on s’approche beaucoup… puis on se fait évacuer les pieds devant, histoire d’abréger le supplice. Retour au rade.

La suite m’intrigue : Foals. Pas du tout ma came, ce xième groupe post rock eighties ou je ne sais quoi avec des guitares sautillantes et des voix caressantes… ayant écouté la galette sur le chemin (oui, dans la 207 ; il y en a deux qui suivent, là, au premier rang) je ne me rends pas devant la scène Kerouac avec beaucoup d’enthousiasme. Mais quelle claqu! C’est planant, c’est délicat, c’est intelligent. Chaque son est à la place qu’il devrait être et l’atmosphère cotonneuse mais énergique me sied à ravir. Contrairement aux Bellrays, ce groupe est exactement au bon horaire sur la bonne scène. En plus de quoi la pluie s’est arrêtée et pour la seule fois du week end, on fait tomber le manteau. Joie ! J’entre dans un état de rejouissement benêt rare aux vieilles charrues qui fera de ce concert comme un des meilleurs du week end.
 


Après une pause galette méritée sur la Garenne, et bravant nos aprioris pour atteindre le nirvana de la connaissance universelle, nous nous dirigeons sur la scène Glenmore pour  faire preuve d’une ouverture d’esprit digne du dalaï lama s’étant égaré dans le red district de Amesterdam. Non, on ne peut vraiment pas ; David Guetta c’est une agression sonore, une plaie musicale, un affront aux esgourdes, une insulte aux neurones.

On se rapatrie au camping tant bien que mal pour profiter des champions qui y errent, tous scandalisés par la venue du disc jockey qui aimerait être sodomisé parce qu’il est fameux.

Entre autre champions du monde, on retiendra quelques citations dignes des brèves de comptoirs :
« - Tu veux pas embarquer notre copain, il est tout bourré, on en peut plus !
-          Hors de question, j’avais le même hier dans ma tente : il a vomi dans mon short, il est foutu maintenant ! »

« - Hey les gentils voisins, est ce que vous auriez du feu ?
-          TA GUEULE !!! »

« - Mais putain qu’est ce que vous foutiez, ca fait une heure qu’on vous attend, c’est vous qui avez le cadenas de la tente !
-          on a des re-biés !
-          ah, ok… »

« - imagine que tu veuille partir du camping, tu irais par là ou par là ?
-          nan mais j’ai pas envie de partir, vous vous débarrasserez pas de moi comme ça
-          mais IMAGINE, EXTRAPOLE, quoi ! »



SAMEDI
Sous reserve qu’on puisse être déboussolé à notre réveil sous la tente, on est vite fixé lorsqu’on découvre le ciel ; nous sommes en Bretagne.
Après avoir découvert l’interminable queue devant la désormais très populaire piscine, c’est à une interminable queue aux douches du camping auxquels nous prenons part ; 1 heure d’attente pour avoir le droit de se frictionner sous un filet d’eau glacé… quelle bonheur. Heureusement que le festival a 20 ans d’expérience, ca devait être roots à la base.

On récupère des nouvelles têtes qui viennent un peu nous remotiver dans cette grisaille, et il y a déjà du pain sur la planche puisqu’on se rend sur le site dès 15h.

Zebra à l’arme secrète contre le mauvais temps et un horaire de merde ; le Bagad de Carhaix, soit un orchestre traditionnel breton avec bombarde, biniou, tambour et tout le tremblement. 38 zicos sur scène et Zebra tout ému de nous expliquer qu’il le joue uniquement pour les 20 ans du festival et ses 40 ans à lui. Donc pas (ou peu) de platine comme en 2007, pas d’interventions des potes pour faire des reprises comme en 2008 ; on change encore de formule et l’homme est heureux et sincère, ça ne fait pas de doutes.
Certains titres envoient vraiment le bousin ; ca commence très fort sur Hell Bells ou le Bagad fait parler sa puissance. L’enchainement l’Homme Pressé / Misirlou / LA Women est une vraie tuerie ; même si les démarrages sont parfois approximatifs, le groupe est carré et le tout prend un vrai sens devant ce public et sous ce putain de crachin. Je suis étonné de voir le monde attiré par la prestation ; on est certes pas coudes contre coudes mais le public est venue nombreux.


Un festivalier emerite se cache sur cette photo; saura tu le retrouver? (credit: pas moi)
Peux de fautes de gouts, mais le Vive ma Liberté perd tout son non-sens dans la bouche de zebra, surtout en la rejouant presqu’en entier. Les paroles tartes sont clairement too much.
Idem pour Bohemian Rhapsody écourté, et sans réel intérêt.
La fin sera enormissime comme souvent dans les concerts de Zebra : Un medley Sunday Bloody Sunday / Tri Martlod / gorillaz pour convaincre les celtes retords, une collision entre fatboy slim et Prodigy et surtout le désormais classique Joey Starr Wars + daft Punk, comme en ouverture à l’Elysée Montmartre il y a trois ans. Terrible.
La suite est moins réjouissante : il pleut et il n’y a pas grand-chose à voir de toute la journée. C’est une aubaine pour les inconnus qui sont à l’affiche du chapiteau, puisqu’ils récupèrent une audience conséquente, le pékin moyen étant venu s’abriter de l’interminable crachin du Poher-ta-mère.



On va quand même s’aventurer à the Shoes pour tuer le temps ; deux batteurs et deux guignols qui bricolent consoles et guitares ; ca remu un peu, on bouge doucement le popotin mais ca réveil pas les morts non plus. Le tube est sympatoche, ouais, ok.

Après moult rencontres et récupération de camarades avinés, on atterrit presque par ennui sur le concert de Two Doors Cinema Club. Et quelle ambiance ! La fosse de Kerouac est envahit de jeunes filles de vingt ans et quelques, survoltées, dansant, sautant et chantant dans tout les sens. Two Doors Cinema Club n’inventera jamais le fil à couper l’eau chaude mais à le mérite de réveiller la foule de l’inertie dans laquelle ce temps de merde la plonge irrémédiablement. Un peu comme Foals, mais en beaucoup moins bien. A la question « mais pourquoi ils ont tous des mèches et des t shirts avec des cols en V ces mecs ? », un camarade vulgaire mais lucide répond justement « parce qu’ils font de la musique de fiotte ! ». C’est pas faux. Mais ça réveil.



Je ne raconterais pas l’ingestion de la tant mérité tartiflette, mais c’est évident qu’elle se tire la bourre avec les patates au lard en terme de renommée gustative carhaisienne. Miam.

Le ventre plein, on file sur Supertramp, plus par nostalgie que par intérêt musicale. Et ‘c’est plombant. Solo de piano interminable, titres gnangnan ; de la vraie musique de vieux. On fini quand même par avoir ce que l’on cherche avec les 3 ou 4 tubes qu’on est venu écouté. Belle madeleine de Proust une larme à l’œil mais il a fallu la payer.

Pas beaucoup plus jeunes mais d’un autre calibre ; ce sont les deux MC bedonnants de Cypress Hill qui viennent avec leur tchatche et leur incitation à consommer des substances opiacées sur Kerouac. Et ca dépote vraiment bien, des bonnes boucles à ‘l’ancienne : NTM, mauvais l’année précédentes, devraient en prendre bonne note. Les quelques tubes sont là aussi et le leader n’hésite pas à joindre le geste à la parole en allumant un long pétard d’une manière assez racoleuse. On sent la réalisation timide et montre peu ce scandaleux événement sur les écrans.
C’est après un duel entre les scratchs du DJ et les poum / poc du percussionniste que les titres un peu plus lourd arrive, avec le remuant Rise Up, soutenue par la guitare virtuelle de tom morello. Le dernier titre envoi également le bousin et les californien quittent la scène sous les hourras. Big up.



Après une vague hésitation, on tente de retourner sur la grande scène qui supporte le trio énervé italien de The Bloody Beetroots. Et putain, ca envoi le steak ! Des gros beats dans ta face, une guitare qui tache et un batteur qui s’énerve, le tout avec des masque de spiderman (j’entends les lecteurs les plus geeks me préciser qu’il s’agit de Venom, et nom pas de Spiderman, mais franchement les gars : Who Cares !?).
Bref pas de dentelle mais du costaud, parfois agressif. A certains moments un homme à visage découvert vient brailler dans un micro puis repart aussi sec. Puis un des spiderman enchaine des arpèges au piano, sous un beat martial, nous rappelant que l’Eurodance reste vivace chez nos amis transalpins. Un bon moment lorsque le groupe reprend le titre du film 28 semaines plus tard et sa montée stressante.
Bref rien de très fin ni de très haut de gamme, mais ca fait du bien de se lâcher.

On enchaine quand même vite fait sur les deux derniers titres de Nasser, qui ne démérite pas ; une guitare, une batterie et une console, dans l’esprit Champion ou Goose. Bref ils ne réinventent ni le rock ni l’électro mais le peu qu’on a vu est efficace et dansant. La prochaine fois peut être.



Retour sur le campement, nouvelles rencontre et nouvelles brèves de comptoir. Fatigue. Dodo.

 DIMANCHE
Le réveil est tout aussi glauque que le précédent ; le plafond est toujours bas et la fatigue commence à se faire sentir.
On essaye même plus la piscine pour tracer directement au QG de jour qu’est la place de la mairie du bourg ; belle ambiance malgré la pluie, comme d’hab.

On traine néanmoins pas trop pour retourner boire des coups sur la Garenne.
Après d’autres rencontres et palabres, on tente notre chance sur la scène Grall qui accueil Boogers. Accompagné de zicos pour une fois, l’homme nous assène un rock américain digne des meilleurs punks à roulettes, de Blink à Weezer. Même si il n’a pas la gueule de l’emploie (plus skater du Doubs que surfer californien), c’est bien un rock convenu qu’il nous assène. Ce ne sont pas les sarcasmes sur l’ambiance dans le public éparse (Pierre Perret fait le plein de l’autre coté du Champs au même moment) ni la reprise bastringue de Creep sur un mini piano qui aidera à nous convaincre. On passe notre tour.

Tous les ans il y a peu de surprises à l’annonce de la programmation des vieilles charrues ; entre les artistes du moment et les habitués, on est pas effarés. Et puis il y a Lou Reed. Je suis resté les yeux écarquillés en apercevant l’artiste au tableau du festival breton. L’auteur de Transformer sur la prairie finistérienne ? mazette !
Le moment est donc venu. Pourtant on a été prévenu ; ca ne ratera pas. Lou ne joue pas le jeu. Les tubes ? Rien à foutre ! Vicious ? Waiting for my man ? Coney Island Baby ? Perfect Day ? satellite of love? Walk On the wild side? RIEN A FOUTRE!
C’est à des longues minutes d’impros de crin crin auxquelles nous avons le droit à la place. 7 ou 8 titres en 1 heure et quart. Inconnu, les titres. A part Sunday Morning et Femme fatale, que Lou chante moins bien que Nico. Bref il se fou de notre gueule. Ajoutée à la pluie ; au placement approximatif dans le champ et à un très vilain coup de barre, c’est une mauvaise expérience. Lou, salop !

C’est donc le morale dans les chaussettes (trempées, les chaussettes), saoulé par cette interminable pluie qui n’en fini plus de nous geler les membres et nous gifler nos juvéniles visages, que nous nous dirigeons vers PJ Harvey.
Etant tombé sur le concert de l’Olympia diffusé quelques jours plus tôt, je sais à quoi m’attendre. Quelques peu rasséréné, bien placé ; je suis prêt à gouter à la folk mystique et planante de l’anglaise.
Voix métallique, scénographie sobre (les trois zicos d’un coté, PJ seule de l’autre), rythmique lancinante, bref  c’est pas ça qui va nous sortir de notre torpeur mais ça fonctionne vraiment.
Pas plus nerveuse que Lou reed, PJ Harvey semble néanmoins plus investi, presque possédée par a musique, qui transporte.
Down By The river et C’mon Billy viennent quand même rappeler à qui on a affaire, mais l’orchestration de ces titres, initialement plus rock, rendent le tout très homogène.
Les guitares seront un peu plus de sorti sur les derniers titres et finira d’emballer le public, à l’écoute religieuse. Contexte délicat mais réussite totale. La Classe.


Après ce magnifique set, on perd le temps du concert de House of Pain pour tenter de se restaurer et faire l’aller et retour à la tente pour se réchauffer. Bref on arrive tout juste pour entendre au large (après avoir réintégrés le sacro saint bar 2) Jump Around.

Après un inaudible discours d’auto congratulation des organisateurs, on assiste à un magnifique feu d’artifice mis en son par Zebra, qui a compilé les artistes les plus marquant étant passés aux Charrues… TOUT les public présent reprendra donc le refrain de L’homme pressé ; moment émouvant et troublant, qui rappel la popularité du groupe bordelais.



On termine  le week end sur un ultime concert, également excellente surprise sur le papier de cette cuvée 2011 : Chemical Brothers. Visuellement c’est le choc, après une grande couronne lumineuse descendu autour des machines du duo, c’est carrément tout un écran au fond de la scène qui s’illumine et qui servira à toutes les fantaisies visuelles pendant le set (du bon gout comme du mauvais). Musicalement, ça commence très fort ; rythmé, agressif, percutant. On reçoit rapidement l’hymne Hey Boy Hey Girl, puis la cadence se ralentie cruellement et les anglais ont tendance à s’éparpiller dans des séquences psyché interminables, soutenues par des visuelles devenues approximatifs. Ca n’est guère adapté à l’état de fatigue du festivalier de base en cette fin de festival pluvieux. On fini par jeter l’éponge, tout en regrettant à moitié d’avoir quitté le site avant d’avoir entendu Block Rockin Beat. Pas grave.




Retour au camp moins en fanfare, la nuit sera courte et agité et la récupération longue…
Une édition vraiment en demi teinte : si la programmation était bien meilleure que la pauvrette 2010, le temps assassin aura eu raison de l’enthousiasme des plus chevronnés. Certains anciens commencent déjà à parler de louer une maison dans le bourg en 2012. Benicassim, c’est sur la plage en Espagne, c’est ça ? Ils ont une place de la mairie ?



Next step : The Strokes @ Zenith

1 commentaire:

Anonyme a dit…

http://www.lemonde.fr/culture/article/2011/07/21/l-acquis-inoubliable-des-strokes_1551229_3246.html

j'espere que ce sera moins mitigé que les vieilles charrues....!!!!!!
des bibi
so